Histoire des embarcations

Découvrez la riche histoire des embarcations du Nord canadien!
Les ancêtres s’y connaissaient vraiment.


Kayak en peau de phoque

Natchiit amingi
Avec la peau du phoque
Bateau en peau d’orignal

Dzísk’u dáxh dùk tín
Avec la peau de l’orignal
Canot en écorce de bouleau

K’i ch'um yi ts’ets’i nálát
Avec l’écorce des arbres
Pirogue d’épinette

Às têxh’ tûdáxh
Du cœur d’un arbre



Kayak en peau de phoque

Natchiit Amingi – Avec la peau du phoque

Les Inuits sont arrivés en Arctique canadien au cours de milliers d’années, venant de la Sibérie et de l’Alaska. Certains sont arrivés au delta du Mackenzie après la Seconde Guerre mondiale. Ils parcouraient de vastes régions dans les conditions les plus dures, se déplaçant sur la terre et sur les eaux du Nord en tirant parti de la végétation arctique et des animaux de la mer et de la toundra.

Les kayaks en peau avaient de 17 à 30 pieds de longueur, les plus petits pour un seul chasseur et les plus grands pour une famille de cinq personnes. Les enfants se couchaient au fond tandis que les gens plus vieux étaient au-dessus. Les déplacements pouvaient être dangereux dans les eaux agitées ou les tempêtes. Le plus grand, appelé oumiak, pouvait avoir jusqu’à 60 pieds de longueur et servir au transport de plusieurs familles avec leurs biens.

Simples et pratiques, les kayaks étaient légers pour le portage et très silencieux dans les eaux glacées. Les chasseurs de phoque et de béluga allaient en kayak, en groupe de 3 à 10 hommes, jusqu’à un mille de la terre ferme.

Les bateaux motorisés ont remplacé les kayaks dans les années 1920. Les bateaux usinés en bois ou en métal transportaient plus de gens et de matériel entre les camps et les centres de commerce. Les Inuvialuits ont acheté de petites goélettes dans les années 1930 pour augmenter la distance qu’ils pouvaient parcourir.

Aujourd’hui, les aînés travaillent avec les jeunes gens pour documenter l’art et la science de la construction et de l’utilisation du kayak, garantissant la survie de cette embarcation sans égale.

Le kayak est un des plus importants symboles du Nord. Conserver la tradition, l’histoire et la culture orales en communiquant ces aptitudes, c’est alimenter l’âme.

Bateau en peau d’orignal

Dzísk’u dáxh dùk tín - Avec la peau de l’orignal

Au temps jadis, les terres et les eaux subvenaient à tous les besoins de nos familles qui voyageaient d’un endroit à l’autre, selon les saisons, à la recherche de ressources particulières.

La chasse à l’orignal était une importante activité à la fin de l’été et à l’automne, les grandes familles élargies travaillant de conserve pour récolter la viande et les peaux qu’il leur fallait pour survivre pendant l’hiver. Toutes les parties de l’animal avaient leur utilité : nourriture, vêtement, outil, transport. Rien n’était perdu.

Tous travaillaient en collaboration quand venait le temps de se déplacer d’un camp à l’autre. Les femmes grattaient et cousaient entre 5 et 14 peaux d’orignal pour faire un bateau de 3 à 9 mètres (10 à 30 pieds), se servant de tendons d’orignal pour coudre au moyen d’un point spécial qui en assurait l’imperméabilité. Les hommes construisaient un cadre en épinette ou en bouleau, puis ils tendaient les peaux dessus pour faire un bateau qui servait à transporter jusqu’à 5 familles étendues avec leurs chiens et leurs effets. Un sac de graisse d’orignal était accroché à la poupe pour reperméabiliser les coutures pendant le voyage. Les bateaux ne servaient habituellement qu’aux déplacements vers l’aval, car ils étaient trop lourds pour pagayer vers l’amont. À l’arrivée, les peaux du cadre étaient très prisées par les femmes comme étant le meilleur matériau pour faire les mocassins, les mukluks, les moufles et les autres vêtements d’hiver.

Les bateaux à moteur et les autres innovations ont inondé le Nord après la Seconde Guerre mondiale, quand les routes ont été construites, et le transport aérien a augmenté. Les gens ne comptaient plus alors sur les bateaux en peau d’orignal, mais ils en construisaient quand même au besoin.

Les gens d’aujourd’hui redécouvrent l’élégante simplicité des bateaux en peau d’orignal de leurs ancêtres. On enseigne la chasse, le tannage et la couture aux jeunes dans des camps culturels afin que ces techniques soient conservées pour les générations à venir.

Nos ancêtres tannaient les peaux d’orignal pour en faire des vêtements, des chaussures et des abris. Rien n’était gaspillé ni considéré comme étant leur dû, et ils conféraient aux objets une dimension vitale supérieure à celle que la nature leur accordait.

Canot en écorce de bouleau

K’i ch'um yi ts’ets’i nálát ~ Avec l’écorce des arbres

Depuis les temps les plus anciens, nos histoires témoignent de voyages sur les eaux. Un de nos récits les plus vieux relate qu’Äsùya (Homme Intelligent ou Homme Castor) rêvait de la conception d’un canot, puis de le pagayer sur le fleuve Yukon, assurant ainsi la sécurité définitive des humains.

Les grands peuplements de bouleau situés à la confluence de la Pelly et du Yukon et le long de leurs affluents, jusqu’à l’océan Pacifique fournissaient l’écorce pour les canots que construisaient les peuples du Yukon et de l’Alaska. Ils étaient longs, étroits et extrêmement légers pour le portage, et avaient une proue et une poupe effilées à un angle de 30 degrés pour bien manœuvrer dans les rapides. Les canots de fret qui pouvaient avoir 10 mètres (30 pieds) de longueur servaient au transport de familles entières et de leurs biens. Les plus petits canots de chasse, de 3 à 5 mètres (15 à 20 pieds), servaient à un ou à deux hommes, et la cale qu’ils avaient à la proue protégeait leur équipement et le bol à fumée servant à tenir les mouches à l’écart.

La construction des canots se faisait de manière collaborative, les hommes écorçant les bouleaux au printemps et les femmes recueillant des racines d’épinette pour les coudre. Ils construisaient les armatures pendant l’hiver sur le sol plat au bord d’une rivière en utilisant de l’épinette noire ou blanche, ou des membrures en bouleau fixées à un fond plat robuste et à une quille en bois assez solide pour supporter la charge. Les pagaies avaient un bout plat et un, pointu pour la navigation en eau libre. Une perche servait à remonter le courant dans les remous peu profonds. Les canots étaient très prisés, qui duraient dix ans ou plus.

Les grands changements qui ont apparu lors de la ruée vers l’or et de l’arrivée des vapeurs à une roue qui brûlaient du bois ont épuisé les peuplements de bouleaux le long du Yukon. De nouveaux matériaux comme le canevas ont remplacé les matériaux indigènes et les canots en écorce de bouleau boréal avaient disparu dans les années 1920.

Aujourd’hui, les jeunes gens demandent aux anciens qui se souviennent encore du mode de vie de leurs grands-parents de faire renaître l'esprit de la fabrication du canot d’écorce de bouleau pour voyager sur les rivières du Nord.

Les canots de bouleau boréal sont parmi les bateaux les plus élégants du monde; ils sont difficiles à fabriquer sur le plan technique, légers comme une plume et si beaux quand ils glissent rapidement sur les flots.

Pirogue d’épinette

Às têxh’ tûdáxh ~ Du cœur d’un arbre

Pendant des milliers d’années, nos ancêtres comptaient sur le peuplier, le cèdre et l’épinette afin de créer de belles embarcations pour le transport et pour l’inspiration. Les pirogues permettaient de faire de longs voyages sur l’océan et sur les eaux rapides des rivières. Les Yukonais descendaient les rivières Tatshenshini et Alsek dans des pirogues pour aller faire du commerce et visiter leurs parents le long de la côte. Leurs vies dépendaient de la solidité de leur construction, de leur capacité à résister aux vagues et aux vents.

Les grands peupliers servaient à faire des pirogues au sud-ouest du Yukon, tandis que ce sont les épinettes et les cèdres qu’on utilisait au bord du Pacifique. Les pirogues yukonaises, qui avaient de 5 à 9 mètres (16 à 28 pieds), ressemblaient au modèle côtier à proue carrée et à poupe en forme de nageoire qu’on appelait canot de tête. Les hommes évidaient le rondin au moyen d’herminettes en pierre, et par la suite de haches et d’herminettes en métal, et ils finissaient parfois le travail avec du feu.

Les gens connaissaient le territoire où se trouvaient les meilleurs arbres. Ils élaguaient les peupliers pour élever des troncs plus longs, prévoyant les besoins de leurs petits-enfants 40 ou 50 ans après.

Aujourd’hui, les constructeurs de pirogues en Alaska et au Yukon ravivent les techniques et les outils de leurs ancêtres. Les jeunes pagaient les nouvelles pirogues lors de célébrations, de voyages de découverte et en l’honneur de leur patrimoine.

La pirogue traditionnelle est conçue pour glisser sur l’eau avec fluidité dans les courants de l’océan et des cours d’eau. Les ancêtres s’y connaissaient vraiment.